Les symptômes négatifs
Document créé et rédigé par Jack, membre du forum schizophrénie, écrit en octobre 2021 et inspiré du blog Jack et sa psychose.
Comme vous le savez peut-être la schizophrénie est décrite par deux grandes familles de symptômes : les symptômes positifs et les symptômes négatifs.
Ici on parlera des symptômes négatifs, c’est à dire les choses “en moins” des personnes atteintes de schizophrénie. Il faut aussi préciser que parmi les symptômes positifs et négatifs, tous ne sont pas forcément présents chez un individu. En fait c’est une palette de symptômes énumérés et d’une personne à l’autre, on retrouve des couleurs et des intensités différentes. Il y a autant de schizophrénies que de schizophrènes.
Les symptômes négatifs sont généralement décrits comme résistants aux traitements. Même après une phase de la maladie, ils persistent. Ils sont, souvent, annonciateurs d’une schizophrénie en évolution et peuvent être confondus avec le comportement d’un adolescent, ou, à l’adolescence justement, avec l’autisme. Ils sont soit « primaires », c’est à dire conséquence de la pathologie ou « secondaires », conséquence d’effets secondaires liés au traitements, ou à l’isolement social de personnes stigmatisées, ou liés à la consommation de substances, ou encore liés à une dépression.
Parmi les symptômes négatifs on peut citer :
- L’émoussement affectif (la diminution de l’expression des émotions)
- Le manque d’énergie, de motivation
- La difficulté à ressentir du plaisir
- La pauvreté de la pensée
- Le repli autistique
- Etc
L’émoussement affectif
Il est défini par la diminution de l’expression du visage, du contact oculaire, de l’intonation et de la gestuelle.
« T’as l’air d’aimer la vie, toi ! » : remarque que l’on m’a souvent faite personnellement. Certaines personnes schizophrènes ont un air trop sérieux et portent une sorte de masque figé. Les émotions sont présentes, mais elles sont amoindries et imperceptibles par les autres. La personne n’a l’air ni triste ni gaie, ce qui laisse les autres perplexes sur son état psychologique. Le visage n’a pas ou peu de mimiques, comme si elle était désintéressée de tout ou spectateur de son propre quotidien. Le regard peut être fuyant, et la voix monotone. Difficile pour elle d’avoir une conversation enjouée ! Pour certains aussi la gestuelle est pauvre. Les mouvements sont lents, presque précieux. A l’extrême d’une gestuelle pauvre il y a la catatonie, état de stupeur dans lequel on peut se trouver.
Aimez-vous regarder la télévision ? L’émoussement affectif a un impact sur cette activité du quotidien. Regarder un film triste ou gai ne donne pas spécialement envie de rire ou pleurer. Il y a comme une mise à distance des émotions, une sorte de « carapace trop dure à percer ». Il y a aussi les joies et les drames de tous les jours, que ce soit de la vie personnelle ou en communauté, par lesquels la personne ne se sent plus concernée.
L’alogie
Ce qui rend moins expressif, c’est aussi ce discours plus pauvre. Les difficultés à s’insérer dans une conversation, le fait d’avoir comme moins de choses à dire que les autres. Pour ceux qui souffrent d’alogie, il y a une tendance à avoir l’air effacé. Si la pensée est pauvre, elle n’est pas inexistante. Pourtant quand ils ont quelque chose à dire, il leur est impossible de s’exprimer. Le délai de réponse aux questions est allongé. Si bien que dans une conversation, il est rapide que quelqu’un d’autre prenne le dessus et qu’ils ne puissent plus s’y insérer.
« J’essaie de parler mais ça ne sort pas. Quand je suis avec des amis ou des collègues je me construis dans ma tête une conversation parallèle avec les interventions que j’aurais aimé faire. »
L’aboulie
Le deuxième aspect des symptômes négatifs est le manque de motivation. Les personnes perdent l’initiative des choses. Il est donc difficile d’atteindre ses objectifs, même ceux du quotidien comme prendre soin de son hygiène ou de celle de son logement. Il y a un manque d’énergie et une impossibilité de passer à l’action.
« Je sais que depuis plusieurs jours je dois faire la vaisselle, mais je n’y arrive pas. Il y en a de plus en plus et je ne sais plus par où commencer »
L’anhédonie
Ce qui nous motive tous à faire des activités, c’est la mémoire de la satisfaction ou du plaisir que l’on a pu ressentir durant ces activités. L’anhédonie touche la capacité à éprouver du plaisir. Parler aux gens, faire une activité que l’on a choisie n’induit pas spécialement de plaisir à la personne, que ce soit au moment de l’imaginer ou au moment de le faire.
« J’apprends un instrument de musique mais je ne le pratique que pendant les cours, sur mon temps personnel je remets toujours à plus tard, bien qu’apprendre cet instrument me plaise. »
L’asociabilité
La diminution de l’intérêt pour les relations sociales rejoint le repli autistique. La personne préfère « rester seule dans son coin », et peut être mal à l’aise en société. Elle commence à moins contacter ses amis, par exemple, et ne cherche pas à faire de nouvelles connaissances.
« Par moments j’arrête d’appeler mes amis et de les voir, je ne sais pas quoi leur raconter. Mon ami le plus proche, au courant de mon état, m’appelle au minimum tous les deux jours pour entretenir le lien. Parfois, je ne réponds pas. »
Les symptômes négatifs se soignent
Via des neuroleptiques et des antidépresseurs pour la partie médicamenteuse. Ils seront d’autant plus efficaces accompagnés d’une intervention comme la psychoéducation ou la thérapie cognitive.
« Au début de mes rencontres avec la psychologue, je n’étais pas capable de suivre le fil de la conversation. Mes réponses étaient courtes, et je manquais d’attention pour comprendre ce qu’elle me disait. Par politesse je hochais la tête quand je décrochais. Puis au fil des séances j’ai repris l’habitude d’avoir de longues conversations, même s’il m’arrivait de perdre mes mots en cours de phrase. Cela fait maintenant deux ans que nous travaillons chaque semaine et je suis maintenant capable d’avoir des conversations simples avec des collègues. »
La MDPH propose aussi un Service d’Aide à la Vie Sociale, qui intervient avec l’accord de la personne sur les aspects de son quotidien qu’elle souhaite améliorer.
Vous reconnaissez-vous dans ces symptômes ?
Amicalement.