Les neuroleptiques en psychiatrie
Par Nans, membre du forum Schizophrénie et auteur du Journal Abrasif.
Pour ou contre les neuroleptiques
Les neuroleptiques sont des médicaments controversés et de nombreuses publications sur internet mettent en garde contre les dangers des effets secondaires de ces médicaments. Qu’en est-il réellement ? Pour ou contre les neuroleptiques ?
Neuroleptiques de 1ère et 2nde génération
Les neuroleptiques sont des médicaments utilisés dans le traitement des psychoses de types schizophrénie, ainsi que pour d’autres troubles (bipolarité, autisme…). Découverts aux USA dans les années 50, les premiers neuroleptiques ont permis de faire sortir la psychiatrie du cadre de l’enfermement. Il existe deux types de neuroleptiques. Ceux de première générations, les plus anciens et les neuroleptiques atypiques ou de deuxième génération.
Apparus au début des années 80, les neuroleptiques atypiques sont censés avoir moins d’effets secondaires que les neuroleptiques de première génération. L’haldol, le dogmatil, le tercian… sont des neuroleptiques de première génération alors que l’abilify, le risperdal, le zyprexa et autres sont des neuroleptiques dits atypiques.
La plupart des traitements psychiatriques actuels contiennent des neuroleptiques atypiques mais il est quelques rares patients auxquels ces derniers ne conviennent pas et qui préfèrent prendre des neuroleptiques plus anciens, sur lesquels on a un meilleur recul que sur les médicaments récents.
Le traitement lourd des neuroleptiques
Les neuroleptiques sont des traitements lourds et suffisamment handicapant pour que la mdph vous accorde l’aah si vous en prenez. Je connais très peu de personnes qui prennent des neuroleptiques et qui arrivent à travailler en même temps. Ils font prendre du poids, ils donnent des tremblements et ils peuvent vous endormir. De nombreux patients font états de ces effets secondaires et on peut presque reconnaître une personne sous neuroleptiques à ces effets secondaires.
Pour de nombreux patients cependant, ils sont une aide précieuse au quotidien pour lutter contre les nombreux symptômes des troubles psychiques. Cependant, vu qu’il est prouvé qu’ils modifient la structure cérébrale, il convient de ne pas en donner à des personnes trop jeunes. Hélas, de nombreux psychiatres préfèrent s’en remettre à la molécule plutôt qu’offrir au patient l’espace de parole et de confidentialité dont il a besoin pour s’exprimer sur ses troubles.
Heureusement, les cmp proposent des consultations de psychothérapie mais hélas, les psychologues publics sont débordés et il y a souvent plusieurs mois d’attente avant d’obtenir un rendez-vous. Parmi les effets secondaires, il y en a de plus rares comme le diabète ou les dyskinésies. Les neuroleptiques donnent aussi envie de consommer de la nicotine et donc, pour de nombreux patient en psychiatrie, de fumer des cigarettes. On parle de comorbidité pour désigner ces troubles.
Force est de constater que les schizophrènes ne vivent pas longtemps et on ne connaît pas la part de responsabilité de la prise prolongée de neuroleptiques dans cette mortalité précoce. Surtout que ces chiffres sont biaisés par le taux de suicide chez les schizophrènes qui est de 10 à 13 %. Donc, les neuroleptiques évitent des suicides mais au prix d’effets secondaires lourds.
Mon expérience des neuroleptiques
Je prends des neuroleptiques pour une psychose hallucinatoire depuis plus de 20 ans et je dois avouer que mon état psychique s’est amélioré. Depuis que je suis suivi par un psychiatre, je n’ai plus d’hallucinations et je n’entends plus de voix donc, je garde mes neuroleptiques même si j’ai souffert de nombreux effets secondaires dus à ces médicaments.
J’ai eu du diabète en prenant du zyprexa, puis une dyskinésie heureusement passée en prenant du xeroquel, j’ai pris plus de 30 kilos en prenant du risperdal mais aujourd’hui, j’ai trouvé un traitement, solian, qui me convient et qui ne me donne pas trop d’effets secondaires. On m’a dit une fois qu’il faut apprivoiser son traitement, et je pense qu’il ne faut pas désespérer si on ne trouve pas le traitement qui convient, les alternatives thérapeutiques sont nombreuses.
Et bien sûr, il ne suffit pas de prendre un traitement pour « guérir » de la schizophrénie ou d’autres troubles psychiques traités par neuroleptiques. Il faut un suivi psychologique et social, c’est essentiel. La souffrance psychique, cependant, peut-être telle qu’on préfère prendre un médicament qui vous tue à petit feu que de se tuer tout court. Bien sûr, je tiens à préciser que je suis contre qu’on impose de force à des personnes non consentantes des médicaments dont les effets secondaires sont si lourds. Ce sera le sujet d’un autre article.