Expérience,  Symptômes négatifs

Bye bye les symptômes négatifs

Par Bip, membre du forum schizophrénie, écrit en novembre 2020 sur son blog-journal privé.

Je suis content ce matin, parce que je pense avoir définitivement trouvé la clé pour surmonter les symptômes négatifs de ma schizophrénie. Il est neuf heures du matin, j’ai déjà passé l’aspirateur et la serpillière et ceci avec entrain, alors qu’il y a un an je souffrais de procrastination, en restant des heures au lit à ne rien faire.

Ma situation une année en arrière : 

  • faire le ménage le lundi matin était une épreuve, je restais d’abord longtemps au lit à ne rien faire
  • ramasser 10 feuilles mortes par jour dans notre cour était un objectif difficile, fixé par ma gentille épouse
  • aller à la musculation était comme gravir une montagne, j’ai plusieurs fois renoncé à y aller
  • entasser mes vêtements sur des porte-habits en étant incapable de les ranger

Moins souvent, mais embêtant quand même :

  • changer les pneus été – hiver au garage était une épreuve difficile
  • chercher et ramener la décoration de Noël à la cave était à la limite du possible
  • prendre une douche était perçu comme une agression

Pour mes amis irl, la liste des symptômes négatifs de la schizophrénie se trouve sur Wikipedia. Pour faire court, les symptômes négatifs se caractérisent par de grandes difficultés à faire les tâches quotidiennes. On pourrait remarquer que ça touche n’importe qui, pas seulement les schizos. La différence est une sorte de paralysie du cerveau chez moi, contrairement à une simple flemme chez la plupart des personnes.

Ma situation maintenant :

  • je fais les choses dès lors que la pensée de devoir les faire me traverse la tête, sans les repousser
  • je vide le compost et je ramasse les feuilles dès que possible, après qu’elles soient tombées
  • je prends à nouveau plaisir à avoir une maison propre et bien rangée
  • je me suis rendu au garage avec plaisir et sans problème

Pourquoi je pense y être arrivé:

  • je me suis battu pour maintenir une routine, même en l’absence d’envie
  • j’ai saisi toutes les opportunités d’activités supplémentaires intéressantes (webinars, …)
  • j’ai été ouvert pour me faire davantage d’amis, irl ou virtuels
  • j’ai passé du temps sur des Social Media (Facebook, Instagram, forum)

Je pense que de repousser est une stratégie mentale afin de faire face au vide sidéral de l’inactivité d’un schizophrène, étant donné des difficultés à s’occuper en se concentrant sur quelque chose. En laissant s’amonceler les choses, on se trouve une justification au temps qui passe et à la vie en général.

En réalité, cette stratégie est une erreur. Elle contient malheureusement de puissants mécanismes auto-renforçateurs. Rester au lit pendant des heures à ne rien faire crée un sentiment agréable de cocon, ce qui renforce d’autant ce comportement. Se fixer une limite au séjour diurne au lit par un réveille-matin ne sert pas à grand-chose.

Faire les choses au moment où on y pense libère de l’espace psychique, donc du temps pour d’autres activités. Se dynamiser grâce aux contacts avec des gens normaux permet d’accumuler un peu d’énergie pour sortir de sa torpeur.

Il faut se représenter un tigre convalescent. Au début, il se contente de ce qui lui reste après la période de maladie, mais petit à petit, il pourra essayer de regagner du territoire. L’appropriation progressive de cet espace mental est la clé pour se libérer des symptômes négatifs.

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