Qu’est-ce que la schizophrénie ?
L’objet de cet article de blog est de donner une explication simple et pratique de la schizophrénie.
Perception de la schizophrénie par le grand public
La schizophrénie est le plus souvent perçue par le grand public comme le fait d’avoir une double personnalité. Après avoir lu les messages d’environ une centaine de membres du forum dédié à la schizophrénie sur Atoute, une plate-forme de forums créée en 2001 par un médecin généraliste, je peux vous affirmer qu’absolument personne n’a eu cette pathologie, même en en phase de délire.
Les médias utilisent le mot schizophrène pour décrire un tiraillement d’opinions, voir la schizophrénie du président. Là aussi, erreur de diagnostic…
La schizophrénie n’est pas une maladie standardisée
Selon Wikipédia, la schizophrénie se développe au début de l’âge adulte et se manifeste comme une perte de contrôle de la réalité. Elle s’accompagne d’une altération du fonctionnement cognitif et social, avec une difficulté à réguler les émotions et de planifier des actions centrées sur des buts.
Les sous-types reconnus sont les schizophrénies hébéphrénique, paranoïde, schizoaffective et catatonique.
En pratique, on peut avoir une schizophrénie paranoïde avec une connotation schizoaffective.
De plus, des adultes peuvent tomber en psychose de manière répétée (psychose cyclique) et finir par recevoir un diagnostic de schizophrénie paranoïde, comme c’est mon cas.
La schizophrénie est-elle dangereuse ?
Les médias rapportent parfois des incidents dûs à des schizophrènes ayant perdu le contrôle de leurs pensées. Ces évènements sont certes tragiques, mais extrêmement rares et concernent en général des personnes non encore diagnostiquées. Les schizophrènes ayant un traitement par neuroleptiques adapté ont généralement un émoussement affectif et un retrait social prononcés, assez incompatible avec un comportement dangereux pour autrui.
En réalité, le schizophrène est surtout dangereux pour lui-même. Environ 12% des schizophrènes se suicident et 50% font au moins une tentative de suicide. Cela traduit bien le mal-être de cette maladie.
Quels sont les symptômes annonciateurs d’une crise psychotique ou BDA (bouffée délirante aïgue) ?
Les symptômes les plus courants de la schizophrénie paranoïde sont un sentiment de contrôle par les services secrets.
Une crise psychotique peut-elle être évitée ?
Beaucoup d’efforts ont été investis par les services médicaux pour essayer de définir des systèmes d’auto-contrôle ou d’auto-alerte. La triste réalité, c’est que rien ne peut empêcher un schizophrène de glisser dans une nouvelle psychose, mis à part la prise régulière d’un traitement adapté bien sûr.
Quelles sont les divagations classiques lors d’une BDA ?
Les psychoses déclenchent souvent une conviction d’être le nouveau Jésus Christ, sauveur de l’humanité, comme c’était mon cas à de multiples reprises. Ce phénomène est auto-entretenu par des confirmations dûes à l’interprétation par exemple de ce qui est écrit dans un journal. On ramène tout à soi. Le fait de se sentir être Jésus Christ flatte l’égo.
De quoi souffent les schizophrènes stabilisés ?
Les traitements par neuroleptiques induisent des effets secondaires, d’où une forte tentation de les suspendre.
Le principal souci des schizophrènes est l’émoussement affectif. On se sent en marge de la société, inutile, sans motivation de socialiser avec d’autres personnes. La vie n’a plus beaucoup de sens. La famille n’est pas toujours bienveillante. Il est très difficile de se faire des amis. On se sent incompris.
Les tâches du quotidien sont difficiles à assumer. Des actions simples comme vider un lave-vaisselle peuvent être parfois repoussées, avec une perception qu’on n’y arrive pas. C’est bien pire qu’une forme de procrastination.
Les difficultés cognitives sont fréquentes, essentiellement une perte de mémoire et de capacité d’apprentissage.
Les plus atteints ont beaucoup de mal à s’exprimer. C’est ce qu’on appelle l’alogie.
Peut-on guérir de la schizophrénie ?
Certains articles se réjouissent de personnes ayant pu guérir de la schizophrénie.
À mon avis, ces personnes n’ont tout simplement jamais été schizophrènes à proprement parler.
Ce genre d’articles donne de faux espoirs aux schizophrénes et pire, les incite à suspendre leur traitement.
La psychiatrie moderne est tout une industrie où la recherche est très active. L’article mentionné plus haut laisse entendre qu’il suffirait d’avoir davantage de moyens pour permettre à beaucoup de schizophrènes de guérir.
Les étudiants en doctorat de psychologie adoraient nous contacter sur le forum Atoute pour des sondages et des analyses à n’en plus finir.
L’utilité d’un forum de discussion
Les bienfaits d’un forum réservé aux schizophrènes sont la possibilité de s’exprimer sans réserve sur le vécu de la maladie, de partager ces expériences avec d’autres en lecture publique, sans même l’obligation de créer un compte.
Les nouveaux arrivants fraîchement diagnostiqués pourront relativiser leurs expériences psychotiques et déculpabiliser.
Les habitués parlent de sujets divers, variés, le plus souvent non médicaux. Une charte associée à une équipe de modération assure la cohabitation pacifique de courants de pensées politiques, religieux ou scientifiques opposés. Les exclusions temporaires ou définitives permettent de protéger la communauté et d’interrompre les dérives d’échanges trop musclés.
L’esprit du forum La Roue est basé sur l’entraide et le soutien.